Dégradation et artificialisation des sols
- 2020-02-01 09:34:30.0
- 2153
Les sols sont des milieux fragiles, sensibles à diverses dégradations pouvant altérer leur fertilité. Les terres les plus fertiles sont les premières à disparaître au profit des constructions humaines. L’érosion des sols intensément labourés est plus de dix fois supérieure à leur vitesse de formation. Des pollutions multiples touchent la plupart des sols et les taux de matière organique sont faibles dans les zones de grandes cultures et les terres viticoles.
D’un point de vue quantitatif, les sols diminuent en surface et en profondeur. En surface, du fait de l’artificialisation des terres, développée plus loin dans ce rapport (voir voie de résilience n°2). En profondeur, à cause de l’érosion des sols, c’est-à-dire de la perte progressive de petites particules, emportées par le vent ou les pluies. Les pertes atteignent dans certaines régions plusieurs tonnes de terre par hectare et par an, soit un rythme plus de dix fois supérieur à la vitesse de formation des sols par altération de la roche mère.
Parcelle agricole subissant un phénomène d’érosion accélérée par ruissellement de l’eau de pluie. L’érosion est aggravée par les labours fréquents et l’absence de couverts végétaux. Crédits : © Thibaut Lorin.
Les événements climatiques extrêmes (inondations, sécheresses, vents violents...), dont la fréquence et l'intensité augmentent, accentuent le phénomène d’érosion des sols. Inversement, cette érosion aggrave le changement climatique par la libération du carbone stocké dans les sols.
D’un point de vue qualitatif, de nombreuses pollutions touchent les sols agricoles et affectent leur productivité, : résidus de pesticides, microparticules de plastiques, hydrocarbures, métaux lourds… Les pollutions d’origine industrielle sont souvent localisées et peuvent faire l’objet d’un suivi et d’une remédiation : 6 800 sites sont ainsi recensés en France. D’autres pollutions plus diffuses sont généralisées, et leurs impacts potentiels sur la biodiversité, la fertilité des sols ou la santé humaine sont sources de préoccupations.
En outre, la qualité des sols agricoles dépend d’autres paramètres tels que leur structure et leur taux de matière organique. Le tassement des sols par le passage régulier des engins agricoles réduit leur productivité et augmente les risques d’érosion et de pertes en nutriments. La richesse en matière organique favorise l’activité biologique des sols, la rétention et la libération progressive des nutriments, l’infiltration et le stockage des eaux pluviales, et donc le maintien de la fertilité des sols au cours du temps. Une étude de 2001 estimait à environ 40 % la part de terres arables déficitaires en matière organique en France. Les régions concernées sont principalement les plaines de grandes cultures et les terres viticoles (Figure 6).
Figure 6 : Stocks de carbone organique dans les 30 premiers centimètres des sols de France métropolitaine en tonnes par hectare. Un sol peut être considéré comme déficitaire pour des valeurs inférieures à 50 tonnes par hectare (environ 2 % de matière organique). Les terres les plus pauvres sont les zones de grandes cultures et les régions viticoles. Source : Gis Sol (2011)
Dégradations de fond : diminution des surfaces cultivables de haute qualité, baisse de la fertilité des sols, impacts sur la santé humaine
La dégradation des sols se traduit surtout par une détérioration progressive de leur fertilité. Toutefois, des sols dégradés sont plus sensibles aux événements climatiques extrêmes et peuvent accentuer les risques liés aux inondations, aux tempêtes ou aux sécheresses.
Situations de crises : aggravation des conséquences des événements climatiques extrêmes
Tempête de poussière dans la ville de Stratford (Texas) en 1935 lors du « Dust Bowl ». Les sécheresses ayant touché les sols dégradés du sud des grandes plaines américaines furent à l’origine d’une grave crise agricole et sociale. Crédits : NOAA George E. Marsh, domaine public.